Né le 8 décembre
1863 à Sidi Bel Abbe, en
Algérie, il respire très tôt en famille le goût de
l'action publique, car son père, avoué, venu de Corse, est conseiller
général d'Oran. Après des études de droit à Alger,
il s'inscrit au barreau de cette ville, puis à Paris. La passion de la
justice qui l'anime lui fait prendre la défense des cheminots et des mineurs
de Carmaux.
Élu député socialiste du 5ème arrondissement
(1893 à 1902) , il fait voter la autorisant les femmes à exercer
la profession d'avocat (1899). On le voit participer à l'élaboration
de la loi sur les Associations en 1901. Il participe avec Jaurès à la
fondation du journal "l'Humanité" (1904).
Avec fougue, il défend
un monde dégagé de la tutelle de l'église et de la religion
: dans un discours resté célèbre, il se félicite
que ses amis et lui aient "éteint dans le ciel des étoiles
qui ne se rallumeraient plus." Il se sépare des socialistes de la
SFIO pour aller au parti républicain socialiste.
Réélu député en
1906 il fut le premier titulaire du ministère du Travail, nouvellement
créé, dans le cabinet Clémenceau et dans le ministère
Briand. Il fit voter la loi sur les pensions des travailleurs. Il veille à l'application
de la loi sur le repos hebdomadaire et obtient le vote des lois sur la protection
des femmes et des enfants dans l'industrie.
En 1913, il est chargé du
portefeuille de l'instruction publique dans le cabinet Doumergue.
En mai 1914,
le Président de la République, Poincarré, l'appelle pour être
Président du Conseil (l'équivalent de notre Premier Ministre).
Essayant de freiner la politique belliqueuse de Poincaré, il montra la
volonté pacifique du gouvernement français en ordonnant le maintien
des troupes à 10 km des frontières, afin d'éviter tout incident.
Au lendemain de l'assassinat de Jaurés, le 1er août 1914, il dut
cependant décréter la mobilisation générale.
Remplacé à la
Présidence du Conseil par Briand en octobre 1915, il fut encore ministre
de la Justice garde des sceaux d'octobre 1915 à septembre 1917. Il représenta
la France à la Société des Nations en 1920 et 1921.
Ayant
repris son activité d'avocat, le 8 juin 1923 il fut frappé d'une
crise d'apoplexie au cours d'une plaidoirie et il resta aphasique jusqu'à sa
mort le 7 septembre 1925.
Il repose dans le cimetière de Seine-Port, dans une sépulture
de marbre. |
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Admission des femmes au Barreau.
M.
René Viviani, ancien premier ministre de France, écrivait
au sujet de la loi française adoptée en 1900 et portant sur cette
question:
" Les femmes majeures ont l'exercice total et complet de leurs droits civils.
Elles ont l'exercice de leurs droits publics. Seuls les droits politiques leur
sont ravis par des dispositions spéciales. La femme majeure a donc, comme
l'homme majeur, la jouissance des droits civils, qu'ils touchent aux biens ou à la
personne, et la jouissance des droits publics, par lesquels il faut entendre
le droit naturel et supérieur de penser, de parler, d'écrire, de
manifester une croyance, d'accéder à une profession, le droit de
travailler. Ces droits civils et publics ne fléchissent en la femme que
par le fait du mariage." Réaction d’un député, le
1er Décembre 1900: " Les députés sont élus
pour voter des lois sérieuses, pas des canevas d’opérette. "
(Cité par JM. Pontaut et F. Szpiner, L’Etat Sexiste)
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Isabelle Viviani, son épouse, a
fondé à Epinal, une école ménagère
qui avait son activité au 21 de l'Avenue Gambetta.
À l'origine des écoles professionnelles, puis des centres d'apprentissage,
cet établissement a scolarisé maintes promotions d'élèves
dont certaines ont poursuivi leur carrière dans l'enseignement. |
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La séparation de l’Église
et de l’État, en 1905.
La cheville ouvrière de cette loi fut René Viviani.
Son discours
brutal du haut de la tribune de l’Assemblée nationale à la
Chambre des Députés, le 8 novembre 1906, donne une vue claire
de l’enjeu réel : « ...Nous sommes chargés de préserver
de toute atteinte le patrimoine de la Révolution... Nous nous présentons
ici portant en nos mains, en outre des traditions républicaines, ces
traditions françaises attestées par des siècles de combat
où, peu à peu, l’esprit laïque s’est dérobé aux étreintes
de la société religieuse... nous sommes face à face avec
l’Église catholique... Au-dessus de ce combat d’un jour,
n’est-il pas vrai que se rencontre une fois de plus ce conflit formidable
où le pouvoir spirituel et le pouvoir temporel se disputent des prérogatives
souveraines, essayant, en s’arrachant les consciences, de garder jusqu’au
bout la direction de l’humanité ?... La vérité,
c’est que se rencontrent ici... la société fondée
sur la volonté de l’homme et la société fondée
sur la volonté de Dieu... Les Congrégations et l’Église
ne nous menacent pas seulement par leurs agissements, mais par la propagation
de la foi...»
«Nous avons arraché les consciences à la
croyance. Lorsqu'un misérable, fatigué du poids du jour,
ployait les genoux, nous lui avons dit que derrière les nuages,
il n'y avait que des chimères. Ensemble, d'un geste magnifique,
nous avons éteint dans le ciel des étoiles qu'on ne rallumera
plus»
«La neutralité fut toujours un mensonge.
Nous n'avons jamais eu d'autre dessein que de faire une université antireligieuse
(...) de façon active, militante, belliqueuse».
«Nous nous sommes attachés dans le passé à une œuvre
d'irreligion; nous avons arraché la conscience humaine à la
croyance (...). Ensemble, et d'un geste magnifique, nous avons éteint
dans le ciel des lumières qu'on ne rallumera plus».
«Nous ne sommes pas seulement en présence
des congrégations, nous sommes en face de l'Eglise Catholique,
pour la combattre, pour lui livrer une guerre d'extermination».
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Sur la création d'un ministère du travail
Discours prononcé à la Chambre des Députés - 8 novembre 1906
Messieurs, ici dans cette enceinte et
hors de cette enceinte, un malentendu formidable
s'appesantit généralement sur les problèmes sociaux. En
se retournant vers le passé, on aperçoit la Révolution française
avec le droit individuel qu'elle a forgé de ses mains puissantes, de ses
mains exaspérées contre la réaction économique des
corps privilégiés et contre la réaction politique de l'ancien
régime.
Et, le regard ébloui par l'éclat qui se dégage
de cette Révolution, on n'aperçoit pas toujours une autre Révolution
silencieuse, obscure, profonde, qui s'appelle la révolution économique.
Par la concentration des capitaux entre quelques mains et par le développement
du machinisme sur le même champ de travail, deux collectivités sont
dressées : les intérêts capitalistes ont pris corps sous
la forme de sociétés anonymes ; les intérêts ouvriers
ont pris corps sous la forme de collectivités ouvrières, qui hélas
ne sont pas toujours des collectivités syndicales. Et alors, de ces collectivités
ouvrières, peu à peu s'est dégagée une âme
collective, peu à peu a surgi le droit collectif.
C'est ici que le malentendu
commence. Le droit collectif doit-il absorber, anéantir, dissoudre le
droit individuel ? Je pense qu'il n'y a pas de régime qui se propose pour
but l'abolition du droit individuel, l'anéantissement de cette liberté personnelle
qui se rattache à l'essence de l'être humain. (Vifs applaudissements.).
Je pense que si l'on regardait de plus près ces collectivités ouvrières,
on verrait que les unités qui les constituent sont venues précisément
demander à la puissance de l'action collective de décupler la puissance
sociale de l'individu (nouveaux applaudissements) ; que les hommes viennent précisément
y défendre cette liberté personnelle, ce droit individuel, opprimés
depuis un siècle par toutes les puissances sociales, financières
et économiques déchaînées sur la démocratie.
(Vifs applaudissements.).
Et de ces collectivités, quelle est donc la revendication qui monte vers
nous ? Messieurs, de moins en moins le bruit des conflits politiques passera
le seuil de cette Chambre, mais, de plus en plus, le bruit sinistre des conflits
sociaux parviendra à nos oreilles. Quel est donc le conflit qui est d'ailleurs à la
racine du monde et que personne ici ne doit ignorer ? C'est le conflit entre
la misère et la propriété.
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Le 7 août 1914, le Président du Conseil René Viviani,
qui songe à une guerre courte, lance un appel aux femmes françaises,
en fait aux paysannes, les seules dont il pense avoir un besoin urgent
dans les campagnes désertées par les hommes. Il leur parle
le langage viril de la mobilisation et de la gloire :
"Le départ pour l'armée de tous ceux qui peuvent porter les
armes laisse les travaux des champs interrompus; la moisson est inachevée;
le temps des vendanges est proche. Au nom du gouvernement de la République,
au nom de la nation tout entière groupée derrière lui, je
fais appel à votre vaillance, à celle de vos enfants que leur âge
seul, et non leur courage dérobe au combat. Je vous demande de maintenir
l'activité des campagnes, de terminer les récoltes de l'année,
de préparer celles de l'année prochaine…
Debout, donc, femmes
françaises, jeunes enfants, filles et fils de la patrie ! Remplacez sur
le champ de travail ceux qui sont sur le champ de bataille. Préparez-vous à leur
montrer, demain, la terre cultivée, les récoltes rentrées,
les champs ensemencés !
Il n'y a pas, dans ces heures graves, de labeur infime. Tout est grand qui
sert le pays. Debout ! A l'action ! A l'œuvre !
Il y aura de la gloire pour tout le monde."
Citations : "La mobilisation n'est pas la guerre"
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L'impôt sur le revenu.
A l'époque de cette carte postale, l'impôt
sur le revenu est un vif sujet de débat. Imposé par René Viviani
en juillet 1914 après des années de polémique, c'est
un impôt neuf qui n'est pas encore entré dans les mœurs
des Français. |
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Extraits sonores à la chambre

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Statut de René Viviani à Alger
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Ce jour 27 février 1927,
Monsieur Aristide Briand
Ministre des Affaires Etrangères,
A l’occasion de la cérémonie
commémorative qui
vient d’avoir lieu au cimetière de Seine-Port sur la tombe
de René Viviani,
A honoré de sa visite la mairie de Seine-Port et a bien voulu apposer
sa signature sur le Registre des délibérations du Conseil
Municipal Ont
signé ce registre :
M.Ms Aristide Briand, ministre des affaires étrangères
Albert Peyronnet, vice président du Sénat
Fernand Bouisson, président de la chambre des députés
Georges Leygues, ministre de la marine
J.L. Dumesnil, député, ancien ministre
Jules Jeanneney, sénateur, ancien ministre
René Renoult, ancien ministre
Marcel Régnier ancien ministre
M.L Lamoureux, député, ancien ministre
G. Candace, ancien ministre
Lemery
André Hesse, député
Morinaud, député
Lenoir, député, secrt. Gal du groupe Républicain
socialiste
Varenne, gouverneur de l’Indo-Chine
Alexandre Zevaes, avocat à la cour
Jean Vigouroux,
Adrien Sée, substitut du Procureur de la République
Alfred Baffrey, préfet de Vendée
Garipuy, préfet de Seine et Marne
Saint Georges de Bouhelier, homme de lettres
Henri Martin, membre de l’Institut
Edouard Valadier, directeur au ministère du Travail
Charles Brot, scret. Gal hon.re de la Fondation Isabelle Viviani
André Gayot, Conseiller Mun. Du V° arrond. De Paris,
Représentant M. Paul Painlevé
Représentant de M. Tardieu
Deligne, Dr Gal Hon. De l’Enregistrement
Ranovitz
Marcel Braunberger, docteur et Madame
Daninos
Léon Jacques Blocq
Lise Blocq
J. Bronzet
Paul Maréchal, Conseiller Mal de Savigy le Temple
A Bournaud, représentant M. Paul Fleurot, conseiller Mal de Paris
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Isabelle Eugénie de Bouhélier Lepelletier,
épouse René Viviani |
René Raphaël Viviani |
Le seize février mil neuf cent vingt trois, vingt
deux heures, est décédée en son domicile Isabelle Eugénie de Bouhélier
Lepelletier, née à Paris (Seine) neuvième arrondissement, le vingt cinq
novembre mil huit cent soixante douze, Chevalier de la Légion d'Honneur,
sans profession, fille des défunts époux Edmond Adolphe de Bouhélier
Lepelletier et Thérèse Eugènie Dumoulin, divorcée en premières noces de Michel
Hirsch, épouse en secondes noces de Réné Raphaël Jean-Baptiste Viviani,
Avocat à la Cour d'Appel de Paris, Sénateur, Ancien Président du Conseil
des Ministres.
Dressé le dix huit février mil neuf cent vingt trois, onze heures, sur
la déclaration de Georges de Bouhélier Lepelletier, quarante six ans,
homme de lettres, domicilié à Paris 47 rue de la Condamine, frère de
la défunte et Marcel Pittie, quarante sept ans, Substitut au Tribunal
de la Seine, domicilié à Paris, 130 avenue de Suffren, qui lecture faite,
ont signé avec Nous, Louis Legrand, Maire de Seine-Port
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Le six septembre mil neuf cent vingt-cinq, vingt-trois heures trente, est dédédé rue de
Clamart n° 3, et demeurant à Paris, boulevard de Courcelles n° 72 (17ème
arrondissement) : René Raphaël Viviani, Sénateur, Avocat à la Cour
d'Appel de Paris, né à Sidi-Bel-Abbès (Département de Oran) Algérie,
le onze novembre mil huit cent soixante-trois, fils de Edouard Viviani
et de Hélène Barrière, décédés. Epoux de Isabelle de Bouhélier Lepelletier,
décédée. Dressé le sept septembre mil neuf cent vingt-cinq, seize heures,
sur la déclaration de Alfred Baffrey, Préfet de la Vendée, domicilié
à la Roche-sur-Yon, quarante quatre ans, qui, lecture faite a signé
avec Nous, Gabriel Plet, Adjoint au Maire du Plessis-Robinson.
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