Ce texte est la transcription fidèle d'un manuscrit
de Louise Le Vavasseur, Ce texte a probablement été écrit peu de temps après la mort du peintre. |
Willem Van Hasselt naquit à Rotterdam, de parents hollandais, le 3 septembre 1882. Ses parents eurent sept enfants, une fille Mathilde, et six fils desquels il était l'avant dernier. Lorsque je rencontrait Willem à Paris, en 1920, son père Yan Van Hasselt, tailleur à Rotterdam était mort. Les autres comme leur père étaient tailleurs, très estimés, à La Haye et à Rotterdam. Willem devait attribuer à son ascendance son goût pour le travail bien fait et les justes proportions. Lui seul fut peintre, le sachant très tôt, ayant décidé à l'âge de treize ans qu'il le serait. Il s'engagea dans cette voie sans jamais s'en écarter. La famille était active, sportive et joyeuse comme lui-même. Sa mère vaillante et bonne avait de l'esprit et du courage; bon départ dans la vie pour le jeune Willem, qui devait réaliser son destin, conserver sa vie durant un bel équilibre, une volonté lucide et assez d'optimisme pour supporter les temps difficiles et savourer pleinement les jours heureux. À l'académie de Rotterdam il eut pour professeur van Maasdyk, Striesing et Machtweh, et sous leur direction travailla avec acharnement et fit de rapides progrès. Il n'eut jamais d'autres professeurs. Rotterdam lui laissa une empreinte ineffaçable, voici quelques lignes de lui-même qui le situent bien dans le cadre de son enfance : "À cette époque l'académie des Beaux
Arts, au temps où j'ai commencé mes études de peintre
bordait un canal, le Corlsingel, à deux pas de là s'élevait
haut dans le ciel un immense moulin à vent qui faisait l'admiration étonnée
de bien des touristes peu habitués à en rencontrer d'aussi
grands en pleine ville. L'eau du canal se prolongeait jusqu'à la
ville de Delft, y aller en bateau n'était pas sans danger, les
ponts sous lesquels il fallait passer étaient juste assez hauts
pour ne pas s'y cogner la tête. Ces lignes sont tracées sur une feuille illustrée de croquis charmants. L'un est une vue du port, des bateaux à quai, un grand mat nu s'élance vers les nuages et un remorqueur poursuit sa route vers l'autre rive, un autre représente van Hasselt pinceaux en main et cigarette aux lèvres assis sur un petit pliant de toile devant son chevalet, un troisième le clocher de l'église et le si grand moulin à vent devenu tout petit dessin fait tourner ses grands bras. En 1921, nous étions tous deux à Rotterdam, bien changé; mais les quais, l'eau, les navires étaient là. Le mouvement intense, si coloré, les grues géantes déchargeaient les navires, le bruit des cordages et des chaînes qui traînent était le même. Les grains de blé, en ruisseaux dorés s'engouffraient dans les grands camions et les remous clapotaient gaiement sur les coques venues du bout du monde. Devant les barriques qui roulaient bruyamment sur les pavés, Willem me racontait en riant : "Les cercles de fer de ces barriques étaient nos cerceaux, ma sœur, mes frères et moi les faisions sauter sur ces mêmes pavés; et dans cette maison au bord du canal, dans la Hang, ma mère nous a élevés. Elle était vive et gaie et riait de bon cœur. Lorsque jeune mariée elle trouva leur intérieur un peu nu et le dit à mon père, il la prit dans ses bras et l'assit sur la cheminée disant : "voici l'ornement". Tout était simple et la vie belle. "Lorsqu'il faisait très froid, le canal étant
gelé, nous patinions jusqu'à Gouda chercher des pipes que
nous rapportions ici. Ce sont ces pipes de Gouda que j'ai peinte, j'ai
conservé la peinture... en souvenir. Gouda est une vieille petite ville avec ses jolies maisons et sa belle halle aux viandes sur la place du marché aux fromages où tous les fermiers des alentours transportent leurs produits dans de légères voitures à cheval à très grandes roues. De jolies jeunes filles en costume national offrent à qui en veut des échantillons de ces grands fromages ronds et blancs piqués de petites drapeaux hollandais. Van Hasselt vécu son enfance et son adolescence dans ce pays qui semble un livre d'image, images coloriées et bien en page. Ces gens sérieux, tenaces et calmes ont cependant le goût du rire, de la bonne chère et du bon cigare, des fauteuils profonds, des tapis moelleux et, surtout, le culte des fleurs. Dans le vieux quartier des pêcheurs, à Scheveningen, les maisons étaient les mêmes que celles que peignait Pieter de Hooch, toujours lavées et repeintes, hier comme aujourd'hui. Aussitôt de retour de la mer ces marins s'occupent de leur maison, rangent, lavent et brossent les murs à grandes eaux. Tout reluit. S'ils aiment le confort, ils ont aussi la ténacité de ceux qui luttent contre la mer depuis toujours; construisent et reconstruisent les digues, les barrages, assèchent les polders pour gagner plus de terre. Très doué, ardent au travail, van Hasselt poursuivait ses études à l'académie avec passion et travaillait dans les musées, faisant de belles copies d'après les chefs d'œuvres qu'il admirait le plus. Il faut avoir été en Hollande pour bien connaître la peinture hollandaise, différente certainement pendant des siècles de celle des pays voisins. Ils ne voyageaient guère et connaissaient fort peu ce que faisaient les artistes en Italie ou en Espagne. Chaque fois que van Hasselt retournait en Hollande, il revoyait les magnifiques portraits de Rembrandt, "la fiancée juive", "David et Saul", qui le bouleversait, les ciels immenses de Ryusdael, les larges horizons coupés par les moulins à vent, les chefs d'œuvres de Vermeer, mystérieux, longtemps méconnu, au sujet duquel nous savons si peu. Les plus grands vivaient chez eux, peignaient ce qu'ils voyaient; l'existence humble, quotidienne, la grandeur des gestes sincères, prosaïques. Même van Eyck dans ses sujets sacrés entoure ses personnages d'objets familiers. Tout vaut d'être observé et traduit tel quel; un réalisme pur dans les portraits, pas de canons de beauté, et dans les paysages c'est la terre natale qu'ils reproduisent. Beaucoup de ces grands artistes désintéressés
devaient pour vivre pratiquer un métier plus lucratif. Ce fut
le cas pour Pieter de Hooch et Emmanuel de Witte qui cédaient
des chefs d'œuvres pour la subsistance et ne s'en cachaient point. Van Hasselt hérita de la sincérité de
ses ancêtres avec le même sentiment de vérité et
d'amour, cette santé morale et mentale qui ne connaît pas
la vanité. Ceci explique ses peintures, ses "intimités" surtout. Paris dont son père l'avait si souvent entretenu avec une profonde admiration, lui en vantant la beauté, le goût, tout ce qu'un artiste pouvait y trouver. Avant même de connaître la France, Willem avait été élevé dans cette admiration et les livres l'avaient instruit, le terrain était préparé. Il devait y trouver une seconde patrie et tous deux s'entendirent à merveille dans son cœur. Ce père compréhensif accompagna son fils à Paris, voulu choisir son logement et l'y installer. Ce fut à l'hôtel "Saint Georges et de Barcelone". Son bagage était peu de choses : sa boite de peintre, son équipement de "footballer" y compris les "godasses à crampons" qui lui avaient servi pour les matchs de son club de Rotterdam "le Sparta". Il n'avait pas non plus oublié un chapeau haut de forme dans son carton ovale. "La vie matérielle n'était pas chère, écrivait-il, pour un centime j'avais un croissant, deux centimes et demi une tasse de café, le bifteck aux pommes valait moins d'un franc; lorsque je pus avoir un atelier je l'eus pour 250 francs à l'année". Le peintre ému et plein d'espoir savait qu'il lui faudrait beaucoup travailler, mieux faire toujours et gagner son pain pour y demeurer. Aussi fit il sans tarder tous les dessins qu'on lui demanda pour les journaux, la publicité, les affiches, et aussi des dessins pour les textiles, il peignait des costumes pour le théâtre, s'adaptant aux techniques en cours, utilisant des poudres de couleur, d'or et d'argent. Mais il consacrait aussi un temps précieux aux musées, aux maîtres qu'il se choisissait comme en Hollande. Ce fut une révélation; Corot l'enchantait, en qui il reconnaissait comme un frère, si simple et si modeste, Corot intègre et candide; le peintre de tous les temps qui n'a pas cherché à être du sien. Comme Corot, van Hasselt a "cette disposition générale du cœur et de l'esprit qui s'ouvre au bonheur" (Montesquieu, Cahiers) Pour Eugène Delacroix son admiration était si grande que van Hasselt devait jusqu'à son dernier jour lire et relire les pages de son "journal" surtout les tomes II et III y trouvant chaque fois de nouvelles vérités. Il y découvrit que comme lui Delacroix avait pratiqué l'art de "construire un tableau depuis l'ébauche jusqu'au fini, n'admettant pas qu'une composition fut faite autrement que pas masses marchant simultanément". En 1940, séjournant à Soisy sous Etioles nous faisions de belles promenades dans la forêt de Sénart, à Champrosay, Evry-Petit bourg, Ris Orangis ou le long de la Seine argentée, et de ses jolies îles. Nous évoquions à chaque instant Delacroix qui aimait ces doux paysages, sa maison et son jardin de Champrosay où il venait se reposer "loin des villes"; il méditait et observait tout ce qui l'entourait : arbres, bêtes, paysans, nous parle de "ses pensées diverses suggérées au milieu de ce sourire universel de la nature... des pauvres oiseaux qu'il dérangeait, et qui s'envolent toujours par couple de deux". Assis sur "les feuilles séchées du grand chêne qui se trouve dans la grande allée de l'Hermitage" où lui même se reposait souvent, il nous semblait tout près, et pour van Hasselt ces instants étaient sans prix, van Hasselt et lui avaient les mêmes pensées, le même amour de la nature, elle était le plus beau trésor et le plus grand maître. Revenant à van Hasselt nous le suivons à Londres où il voulu aussi voir et apprendre; de nouveau dans les musées, copiant des chefs d'œuvres, entre autres "La nativité aux anges musiciens" de Pierro della Francesca à laquelle il travailla durant plusieurs années et le portrait de "Rembrandt âgé" de la National Gallery. Son album de dessin toujours à la main il dessinait partout, au bord de la Tamise avec son grand mouvement de bateaux, son trafic dont la fumée se mêlait aux nuages, dans le Kensington Garden, les salles de concert, à Hyde Park, et à White Chapel où il trouva des sujets remarquables et des types fort pittoresques, et fit des dessins qui rappellent souvent ceux de Toulouse Lautrec. Il fut aussi à Londres le dessinateur de "Star" et du "Morning leader". Rien ne le laissait indifférent. Il fit des connaissances charmantes qui devinrent des amis vrais et fidèles qu'il devait plus tard rencontrer quelques à Paris où il exposa chez Wildenstein; dans sa jeunesse c'est chez Boss qu'il exposait. Par ses amis il connu la campagne et les rives fleuries de la Tamise lorsqu'ils l'emmenaient faire du "Punting"; après y avoir fait de longs séjour il quitta Londres et revint définitivement à Paris, aimant toujours la France au point de devenir français par la naturalisation en 1933. Sa femme était française, ses filles aussi, et il vécu trois fois plus d'années en France qu'en Hollande, mais resta toujours très attaché à son pays natal. À Paris, il trouva ses amis les plus
chers : Edouard Saunier et Jacques Salomon. Avec Edouard Saunier il
partagea un atelier
au 54 rue Notre Dame de Lorette et y exposa en 1911; leurs œuvres
eurent beaucoup de succès, un très beau portrait, de Jacques
Serinin du théâtre des arts, s'y trouvait, et l'une d'elle "L'enfant
au lapin noir" fut acquise par une dame dont il fit un remarquable
portrait et qui le mit en rapport avec toute sa famille qui le considéra
toujours par la suite comme en faisant partie. Ce fut la même affection
qui le lia avec la famille d'Edouard Saunier, qui devait mourir jeune,
et avec celle de Jacques Salomon. Nous débarquions sur le sable fin devant la forêt où van Hasselt nous quittait pour mieux s'isoler avec son attirail de peintre qui ne le quittait jamais dans ses promenades. Avec Jacques et Annette Salomon nous retrouvions chez K. X. Roussel, Edouard Vuillard, Pierre Bonnard, Maurice Denis, Ambroise Vollard et d'autres amis et parents. C'était à L'Etang la Ville, tout en haut, devant la forêt de Saint Germain. Par beau temps dans le jardin si bien fleuri, sous les grands arbres que Roussel aimait tant; en hiver autour du bon poêle hospitalier, autour de la grande table accueillante de Madame Roussel. Tout y était simple et familial et les conversations enrichissantes. Ce fut aussi Jean Bersier qui donna à van Hasselt
son amitié entière, de tout son cœur. Il le connu
longtemps avant de le rencontrer par ses peintures. Je détache
quelques passages d'un beau texte qu'il lui consacra dans "La Revue
de la Méditerranée" : En 1921 van Hasselt avait fondé son foyer et trouvé chez lui une mine inépuisable de sujets. Comme ses grands ancêtres hollandais il s'attacha à traduire la vie de chaque jours, les gestes, les attitudes qui sont de tous les temps, n'ont rien de particulier. Des éclairages de jour ou de soir très variés, la table des repas ou le livre d'images devant les enfants, "Les reflets dans la glace", "La leçon de piano", "La repasseuse" ... aussi bien des intérieurs sans personnages, mais qui vivaient dans lesquels on sentait une présence. Van Hasselt si consciencieux, si appliqué aimait
aussi la fantaisie, bien des natures mortes en témoignent. Sa "Vénus à la
rose" est un poème bien à lui. Il aimait voir la fantaisie
autour de lui, chez les autres. Il me souvient d'un soir, chez Charles
Vildrac, nous dînions avec Georges Duhamel qui aimait très
particulièrement la Hollande et cita ce passage, le détachant
je crois de ses "Discours aux nuages" : Lorsque van Hasselt quitta la rue Notre Dame de Lorette où il avait tant travaillé avec Edouard Saunier ce fut pour s'installer dans le bas de Montmartre, rue Gaillard. Un atelier au cinquième étage avec une grande baie d'où le ciel semblait proche avec son monde de nuages, au dessus des murs gris, des toits bruns de quelques jardinets avec leurs taches vertes, mais rare, et une petite chambre sur la rue que le soleil chauffait quant il voulait. Les meubles étaient peints par lui même en couleurs gaies et paisibles, vert, gris, bleu, citron; une armoire rouge, quelques toiles accrochées au mur, les autres retournées, posées à même le plancher tout autour de la pièce, dans un ordre logique et sans recherche. Une toile importante s'y trouvait, peinte dans cet atelier. Elle réunissait trois amis, dont Jacques Salomon; portraits solidement construits dans des harmonies sourdes pourtant bien colorées et très expressifs. En 1926 ce logement au cinquième étage devenant un peu juste avant la naissance de sa seconde fille, un petit appartement dans la même maison s'y ajouta et il travailla également au rez de chaussée, dans un nouveau décor, où il exécuta de nombreuses peintures. Mais en 1935, après une cruelle épreuve, il voulut changer; tous les souvenirs qui s'y rattachaient étaient devenus trop pénibles. Il trouva alors un intérieur très clair qui l'inspira beaucoup; tout l'y plaisait, et dans cet atelier de la rue de Pentihièvre il peignit de nombreux portraits, travaillait aussi sur les bords de la Seine et dans le jardin des Tuileries qui était proche. Partout pour lui étaient la poésie et la beauté. Lorsque dans un paysage il introduisait un personnage, celui-ci faisait partie du paysage, ne posait pas, il était dans la nature et créait l'instant vécu. À Seine-Port où il aimait s'entretenir avec George
Desvallières sous les beaux arbres de "La Broquette",
Desvallières lui disait : Jacques Salomon qui le connaissait si
bien écrivait
aussi : Si sa technique est indispensable elle
se laisse oublier devant le charme qui s'en dégage. Il y a quelque chose d'instinctif
dans beaucoup de ses peintures. Elles donnent l'impression d'être
nées sans effort, de n'être pas voulues. Telles sont "La
sieste" qui a été acquise pour le musée du
Luxembourg et "La fenêtre ouverte sur le balcon" baignée
de lumière. D'après Claude Roger Marx : "Ses œuvres
parleront sans avoir besoin d'exégèse, à tous ceux
qui savent encore de quoi toute bonne peinture est faite". On a
vu en lui un post-impressionniste, mais il ne se posait pas de questions;
il devait peindre, il peignait, et ne s'en expliquait pas. Être
peintre était sa raison d'être. Il le savait déjà étant
enfant, ouvrant de grands yeux clairs devant le port de Rotterdam. Il
nous offre la subtilité dans l'émotion, un charme qui retient,
tout naturellement. Une amie lui demandait un jour comment il y parvenait,
sa réponse fut toute simple : "L'émotion est ce que
l'on donne de soi. Elle devient message. Se donner, dépasser la
technique. L'émotion trouve un écho chez celui qui la contemple.
C'est tout." Si van Hasselt toujours sincère, les avait ainsi exhortés, il savait; il avait suivi la route droite. Son sentiment religieux était né de cette ferveur. Il considérait l'admiration comme une prière, un remerciement au Créateur, disant : "Toute ma vie est une prière". Sa personne et son œuvre ne sont qu'une chose, on ne peut les séparer. Sa bonté et son amour de la Création ont empli sa vie. À Nogent sur Marne, dans son atelier de "La Maison des Artistes" où il demeure de 1957 à 1963 il put travailler dans une grande paix, se reposer quant il voulait, repasser sa vie déjà longue devant ses peintures devenues des témoignages. Toutes lui rappelaient une page de son existence; les paysages, les intérieurs et les natures mortes. Il revoyait à l'île d'Yeu la rue du Coin du Chat, et la rue du Secret, dans la lumière éblouissante, les maisons basses, blanches, en plein soleil d'été, quant à midi les ombres bleutées descendaient des tuiles le long des murs comme de longues dents de peigne, et les bateaux au port qui n'attendaient pas toujours le lendemain pour reprendre la pose. Les valeurs des premiers plans situaient le sujet et les proportions, donnant le diapason. En Touraine, à Trèves Cunault, la Loire était majestueuse et calme comme une grande dame. À Bordeaux les quais, les grands bateaux, dans l'odeur du café, déchargeaient leurs trésors. Le va et vient des remorqueurs qui allaient chercher les navires à la pointe de Grave. Les morutiers toutes voiles dehors, lorsqu'ils partaient pour un long temps en mer, après la bénédiction par le prêtre. La Garonne le matin aux tons de nacre et d'opale, rose quant il avait plu dans les Causses, grise sous la pluie avec le reflet du clocher de l'église Saint Michel, noyé, tout tremblé. Une peinture aussi qu'il fit sous la pluie sous le toit d'un hangar, se trouve aujourd'hui au musée de Bordeaux. À la Trinité sur Mer, à Arcachon, où les beaux voiliers courraient en régates par n'importe quel temps. Parfois par si grand vent qu'il ne pouvait prendre que des notes et dessiner ou peindre de mémoire. Il les observait, les absorbait, et peignait de mémoire avec délectation. Le 23 août 1963 le temps était radieux et van Hasselt se sentait mieux qu'à l'ordinaire et plein de sérénité. Il passa plusieurs heures dans son atelier, seul, et avait étendu des peintures sur le plancher devant lui, pour les juger. Lorsque je vins le chercher ainsi qu'il l'avait demandé il dit très simplement : "J'ai revu mon travail. Il est bon". Il était heureux, avait disposé une nature morte et préparé la toile pour la peindre. "C'est pour demain". Étant las il s'étendit pour se reposer
avant le dîner et leva gentiment la main, disant : "A tout à l'heure". |