Dominique Paladilhe, 90
ans.
Son Carnet de route d'un étudiant à pied
vers Compostelle , publié en 1956, a suscité maintes vocations.
C'était le temps où le chemin n'était ni tracé ni
balisé. En 1948, à 27 ans, il bouclait son sac...
«
Je suis au pied du clocher qui s'élance vers Dieu comme l'âme
du saint martyr. Dans son ombre s'ouvre l'entrée de la crypte ;
c'est là (...) que reposent les reliques d'Eutrope. Je m'incline
devant le tombeau de pierres très anciennes. Ainsi débute
mon pèlerinage et je prie pour avoir force courage et humilité dans
mon entreprise » ( Carnet de route ...).
Muni de vagues cartes Michelin, de notes, d'un ami qui voulait plutôt
aller à Lourdes, et sans parler un mot d'espagnol, le futur historien
Dominique Paladilhe décide un début d'été 1948, à la
fin de ses études, de mettre ses pas dans ceux des pèlerins
du Moyen Âge. « Pour les Français, Compostelle ne voulait
rien dire », expliquait-il le 18 juin dernier, à la fête
de l'abbé Bernès (lire Pèlerin n° 6704 du 26
mai).
Nous étions des hurluberlus sans intérêt. Alors, l'accueil
en France était assez froid... Mais nous nous sommes rattrapés
sur les merveilles architecturales, chapelles romanes et anciens hôpitaux.
En Espagne, en revanche, le saint était présent dans toutes
les têtes. Les Espagnols vont à Compostelle comme les Français à Lourdes...
Et là tout ne fut que bras ouverts et moments forts : une señorita, à Pampelune,
qui, nous apercevant de haut de son balcon, descend nous remplir notre
gourde d'une eau claire et glacée ; un père et un fils qui,
rentrant du travail, mettent le couvert pour mon compagnon et moi-même
; le botafumeiro, encensoir géant, de sortie, en arrivant à Santiago
; puis, ayant poussé jusqu'à l'océan, une famille
qui nous offre une chambre sur la côte.
Je partais pour recueillir
le souvenir des légendes qui sont nées sur ses grandes routes.
Je ne les ai plus jamais quittées. »
donne
la parole aux pèlerins «historiques».
|

 |