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Doté à sa naissance d'un prénom que
trop d'historiens prennent à tort pour un titre ou pour une fonction,
Gouverneur Morris, issu d'une famille patricienne, représente l'État
de New York au Congrès, puis réorganise l'armée des
Insurgents et participe aux travaux de rédaction de la Constitution
qui est en grande partie son œuvre. En 1786, il fonde avec son cousin,
Robert Morris, la première banque d'affaires américaine,
puis, en 1789, il part pour la France, chargé par le Congrès
de veiller à l'exécution d'un traité de commerce que
celui-ci vient de conclure avec le gouvernement français. Habile
homme, il joue vite un rôle plus important que celui qui lui a été assigné.
Aussi bien accueilli par la cour que par la ville, partageant la confiance
de Louis XVI avec le ministre Montmorin et les faveurs de Mme de Flahaut
avec Talleyrand, il est, bien qu'envoyé d'une république
et fêté comme tel par l'aristocratie, royaliste par raison
et conservateur par expérience. Son Journal, qui constitue une intéressante
chronique des premières années de la Révolution, le
montre sagace dans ses analyses des événements, caustique
dans ses jugements, avisé dans les conseils qu'il donne au roi.
Nommé en 1792 ministre plénipotentiaire des États-Unis
en France, il est le seul diplomate à ne pas quitter son poste après
le 10 août et il profite de sa position officielle pour sauver nombre
de vies humaines. Rappelé en 1794 et remplacé par Monroë,
il voyage pendant quelques années en Europe, pour son plaisir et
son instruction, et ne rentre aux États-Unis que pour s'y consacrer à l'administration
de son domaine de Morrisania.
Ghislain de DIESBACH
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